Celle qui passe aux essayages

Un petit rafraîchissement de mémoire ne fait jamais de mal, j’habite au Pays basque, là où le soleil brille, où il ne pleut jamais, où le sable sent bon le sable chaud et où tu dois assurément un jour ou l’autre dégainer ta plus jolie silhouette dans ton plus jolie maillot de bain pour faire au moins honneur à ta patrie, la mer.

Sauf que tu dois savoir que depuis l’été dernier, j’ai tout de même réussi le challenge fou de perdre 15 kilos dans la joie et la bonne humeur du moment. Et que le maillot de piscine dégoulinant de vieillesse et de tissu n’a jamais eu l’effet escompter sur la gente masculine, ni féminine d’ailleurs.

Me voilà donc à espérer trouver ce maillot parfait qui sublimera mes rondeurs, toujours présente, et ma poitrine opulente qui se marie à merveille avec mes hanches rebondies. Bien évidemment avant tout essayage de maillot, pense bien évidemment à enlever ton duveteux duvet de l’entrejambe et des aisselles sous peine de passer soit pour une féministe lesbienne soit pour Julia Roberts sans son charme ni son sourire ni rien qui y ressemble même de dos enfin sauf les poils sous les bras. On trouve toujours un charmant point commun avec les stars.

Je suis donc en train de zieuter la nouvelle collection balnéaire de chez Etam, je trouve toujours les maillots deux pièces dix fois plus sexy que les unes pièces mais mon ventre zébré et gélatineux se fait une raison et choisis un modèle beaucoup plus couvrant qu’un simple string ficelle.

Je me faufile en cabine en mode ninja, je garde bien évidemment mes dessous féminins, et je m’admire dans cette cabine d’1m2 éclairée au néon. Comment te dire que je me trouve pas canon, canon ! J'étais tranquille en train de me zieuter le derrière tout en me recoiffant et en analysant mes points noirs.

Quand soudain, la vendeuse vient se préoccuper de mon cas, et m’ordonne de sortir de la cabine pour mieux voir ce fabuleux résultat. Euhhh, je crois que ça va pas être possible, possible… Elle insiste lourdement, en précisant que la boutique est vide.

Je sors sous la menace d’une bombe nucléaire. Ma vieille culotte dépassant de mon entrecuisse, mon teint de cachalot mort, et mon rasage express plus qu'approximatif. Je m’inflige une autopunition en me regardant dans le miroir. La vendeuse me trouve FABULEUSE, une vraie grosse pin-up, par contre elle me conseille fortement d’essayer une taille au-dessus. SALOPE !

Elle court l’air affolé me chercher du 44. DOUBLE SALOPE. Je ressors de la cabine affublée de mon parachute, et là je croise le regard du sosie de Gisèle Bundchen et de son compagnon tout aussi désirable avec à la main un morceau de tissu aussi grand que le doudou de mon fils. Sourire niais de circonstance. J’ai envie de rentrer ma tête dans la nappe qui me sert de maillot.

Je suis repartie l’air indigne sans rien dépenser.

Soudain, j’ai eu envie de m’acheter des chaussures taille 38.

Bisous de Mme Qui Cherche A Se Couvrir Les Miches